Album : Your Journey
Date de sortie : 26 mars 2021
Label : Verycords
Un nom qu’on entend beaucoup en ce moment, si on suit l’actualité de la (bonne) scène musicale française. Et c’est un nom qu’on semble (re)découvrir. Voilà pourtant 10 ans qu’elle traîne ses étuis de guitare sur les plus belles scènes européennes et américaines, où elle a enchaîné les premières parties prestigieuses (ZZ Top, Status Quo ou les fantastiques Vintage Trouble). 10 ans qu’elle s’acoquine avec ce qui se fait de mieux en chantres du heavy blues tels que Neil Black ou Elliot Murphy, ou en tritureurs de cordes assermentés comme Patrick Rondat. Beaucoup de promesses mais qu’en est-il vraiment de ce quatrième opus, décrit comme l’album de la maturité musicale ? Casque sur les oreilles, bouton Play. Le disque commence par le titre éponyme et ses voix que l’on peut qualifier de pré-blues, ces chants des esclaves noirs, chargés d’émotion. Sur un larsen, la voix de la chanteuse se pose, gorgée de feeling. Le groupe entame un crescendo juste avant d’exploser tous ensemble. On sent que cela va être une grosse production : batterie stéroïdée, mur de guitare et basse ronde parfaitement audible. Ça groove franchement jusqu’à un très bon refrain rock. Ce titre est un très bon mélange entre douceur et puissance. Amené par un pont très bien placé, le premier solo à la pédale Wha-Wha est sauvage. Alors parlons du groupe tout de suite parce qu’on sent que ça va être costaud. La rythmique, composée des expérimentés Steve Belmonte à la batterie et JB Petri à la basse, forme une unité féline, compacte et puissante, un socle sur lequel la flamboyante des soli de Michaal Benjelloun va pouvoir se poser. La mise en son est parfaite. Très bon titre rock et probablement LE hit de ce disque. Last Day enchaîne avec son intro blues, terriblement moderne notamment grâce à son rythme. Gaëlle Buswel module sa voix, qui prend des atours plus rauques. On peut penser alors, pour vous situer, à la chanteuse des Blues Pills ou aux allemands de Lucifer. Le refrain est à la croisée des chemins entre soul, rock et blues. Je parlais plus haut de la versatilité de Benjelloun qui délivre à nouveau un solo dangereusement tellurique mais les autres musiciens ne seront pas en reste. Encore une fois la production est parfaite. Au casque, c’est bluffant. Imaginez Sheryl Crow chantant avec Led Zeppelin...
All You Gotta Do est une nouvelle fois un vrai titre rock. De toutes façons, C’EST un disque rock. Rock mais sensuel. Et malin. Tout est distillé par petites touches, sans en faire trop, tout pour le groove. Encore un refrain lumineux, porté par un riff très Kravitz-ien dans l’esprit, donc très Zeppelin-esque, donc très 70. Donc très bien ! Belle petite bombe d’énergie. On baisse un peu l’intensité électrique avec Razor’s Edge, introduite par les délices du son Hammond de l’orgue de Laurent Daire et une Gaëlle Buswel A Capella. Le morceau part ensuite sur un R&B, façon Tina Turner dans les sixties, avec le charme et la classe d’un Vintage Trouble. La voix est plus chaude et ça lui va bien. A Rose Without A Thorne ou ce souci de composer simple et malin. Un guitare-voix tout en sensibilité pour une très belle ballade. Et, constante dans la production, un son de caisse claire incroyable dès que le morceau décolle avec un style très americana, ce petit mélange de country, de folk et de rock trouvant parfaitement sa place sur cet album. C’est au tour du heavy blues quasi-tribal Perfect Foil de nous attraper. Devant ce mur du son, la voix se fait plus fragile et le résultat est vraiment intéressant. L’alternance en milieu de titre entre douceur et fureur fait mouche. Très bon morceau. L’aérien Just Like The Wind est une pause après la tornade du morceau précédent. Mais pas bien longtemps. Le groupe sait vraiment gérer les contrastes d’ambiance au sein d’un morceau. L’intensité du propos augmente au fur et à mesure du titre pour redescendre et repartir puissamment. Toutefois, pas le titre le plus marquant de ce disque. Louder porte également bien son nom. Une batterie pachydermique accompagnée de sa basse ronflante et saturée, pour un titre très rock n’ roll dans l’idée. Le morceau est grandement aidé par un piano qui lui donne tout son swing à ce morceau. On fonce ensuite sur un blues moderne, façon The Raconteurs. Très sensuel et triste. Un premier solo lumineux. Les suivants seront différents car exécutés à la slide. Le feeling général est encore une fois très R&B. L’intro dobro au bottleneck de Promise nous emmène vers la folk. Ensuite le groupe propulse un blues rock qui flirte à nouveau avec l’americana. Encore une fois, un solo habité. L’album se termine sur une rêverie percussions-guitares, introduite par la voix de Gaëlle Buswel uniquement soutenue avec un orgue. Une dernière belle ballade bluesy transpercée par un break à la sitar. Toujours cette puissance maîtrisée de la part du groupe. A mon époque, on sortait les briquets sur ce genre de titre... C’est donc bien l’album de l’accomplissement que nous venons de nous mettre entre les oreilles. Groove, finesse, puissance et feeling. Les compos de Gaëlle Buswel sont plus réfléchies, plus personnelles et moins évidentes. Derrière sa voix pleinement maîtrisée se tient un groupe monstrueux, forgé d’une unité et d’une identité qui font de ce disque une vraie petite perle. Pour preuve, nous avons autant parlé du groupe que de la chanteuse. C’est résolument moderne et accrocheur, aidé par une mise en son parfaite. Ça va cartonner en live. Ce serait dommage de passer à côté.
Bonne écoute !
Note :🌟🌟🌟🌟 Ash Critters
L’heure ASH - W1RS
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