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Little Bob, ce monstre sacré !

Album : We Need Hope Artiste : Little Bob Blues Bastards Date de sortie : 19 mars 2021 Label : Verycords

"Listen up, sons and bitches, Little Bob’s gonna tell you a story”. Ce sont les mots que j’ai entendu la première fois que j’ai écouté un album de Little Bob. On ne sait pas si on va se faire engueuler par le prof d’histoire mais en tous cas on va écouter. Parce que Little Bob EST l’histoire. L’histoire du rock français. 75 ans dont 55 passés dans le circuit. 24 albums.


Copain avec les mecs de Bijou, les Clash ou Lemmy de Motörhead, il est considéré outre-Manche comme LE rocker français.

Après une carrière débutée au sein des Apaches, il monte son propre groupe Little Bob Story et délivre un Punk n’ Roll teinté de Rhythm & Blues dévastateur. Qui a écouté Hightime ne s’en est pas relevé tout de suite... Sa musique évolue au fil des années et selon les différentes incarnations du groupe : Little Bob (le groupe) donne dans un rock plus racé et plus blues tandis que Little Bob Blues Bastards donne toujours dans le blues mais avec cette pointe de punk sous-jacente. On ne dompte pas totalement le loup. Aujourd’hui, Little Bob revient vers nous avec un nouvel album, teinté du sceau de la perte de sa femme. Les plus belles œuvres naissent dans la conscience de la douleur. Alors on enfile le perf’, on met les lunettes noires, on pose les pieds sur le bureau et on écoute la nouvelle histoire. Le premier titre, éponyme, commence comme une préparation au combat, sur fond de tambours guerriers. Le groupe entame un crescendo qui tape dans le ventre. Chaque musicien rentre un par un jusqu’à l’explosion du refrain. Très hard-rock, l’harmonica apporte toutefois une belle touche de blues. La voix également. Et l’émotion électrique qu’elle véhicule. Un besoin d’espoir et de courage, un appel au changement, incantatoires. On s’en fout si c’est moins rageur qu’avant. C’est de l’émotion pure et vraie. Quand les tripes parlent, on écoute. Avec I Was A Kid, on retrouve ce fabuleux mélange de rock n’ roll et de R&B, marque de fabrique du groupe. Très 50/60’s dans le ton. Et cette basse qui pompe au fond des oreilles ! Retour en enfance en deux minutes jouissives. On enchaîne avec Ready To Fly, un pur blues de tradition. Pas besoin de faire comme certains qui vont chercher le bonheur et essayer de comprendre le blues en s’exilant à la Nouvelle Orléans. Little Bob a ça en lui. Ce blues qui lui colle au blouson depuis toujours, même quand il était caché derrière une guitare punk. L’harmonica de Mickey Blow se taille la part du lion sur ce titre, qui sent d’ici les marécages du Bayou. Et derrière, le groupe est tellement bon : des plans de batterie chaloupés, une contrebasse collée dessus, le piano et la guitare maîtres du swing. Avec Long Legs, on change d’ambiance. Ce morceau est... rampant. Sinueux. Un peu à la façon de The End sur le premier album des Doors. Une mélodie hispanique fait de Long Legs un joli moment suspendu. Sensuel. Looking For Guy-Georges. Alors il n’est pas question ici de tueur en série mais plutôt d’une private-joke au sujet de leur ancien guitariste, Guy-Georges Gremy. On navigue ici en terres blues- country. Sympathique. Première des 4 reprises de ce disque, Bella Ciao, ce chant de révolte anti-fasciste italien, revenu dans nos oreilles récemment via une série espagnole. Il était normal que Little Bob, italien avec la résistance dans l’âme, se l’approprie un jour dans une version rock. Une version très musclée et très émotionnelle, soutenue par un orgue Hammond hypnotique. You Can’t Come Back. Titre douloureux et cathartique, marqué par la récente perte de l’amour de sa vie. Longtemps dans l’incapacité d’écrire quoi que ce soit, ce morceau a été le premier à accueillir les mots de deuil du chanteur. Épuré, enregistré certainement en une seule prise, c’est une décharge d’émotion pure qui nous arrive en pleine gueule. On ne peut pas chroniquer un morceau pareil. On le vit. Chacun à son niveau. On reprend une bouffée d’oxygène avec Il Bello Della Vita. Little Bob nous explique son avancée sur le chemin du deuil en chantant dans sa langue natale la beauté de la vie. Un titre encore une fois porté par un blues mâtiné de guitares rock. Le très politique et humaniste Walls And Barbed Wires est une diatribe fustigeant les conservateurs, les murs qui se dressent entre deux pays où les portes de toutes sortes qui se ferment aux visages de gens dans la détresse. Un rock n’ blues taillé pour les caves de Pubs. Made For Me. Un dernier mot du cœur - non, chaque mot de ce disque vient du cœur - un dernier mot d’amour directement adressé à sa femme. Une belle ballade, tenue en légèreté par un orgue, la guitare acoustique de Gilles Mallet et une batterie discrète. Natural Born Boogie est une reprise du premier “supergroup” britannique Humble Pie. Assez fidèle à l’originale, c’est un blues rock de pure tradition. Les soli de guitare originels sont ici remplacés par de l’harmonica. Troisième reprise sur ce disque, Where Have All The Good Times Gone est jouée sur un tempo un peu plus enlevé que la version des Kinks. Encore cette merveille d’orgue Hammond qui donne toute sa saveur au titre. Une reprise à la fois fidèle et roublarde. L’album se termine avec une dernière reprise, Freedom de Richie Havens. On se souvient que ce titre fut joué en ouverture de Woodstock en 1969. À l’origine un negro-spiritual, Richie Havens l’a transformé en mantra hypnotique et transcendantal.

Alors comment mieux finir un disque de Little Bob qu’avec cet appel, cette exhortation à être libre ? Comme quand on parle de ce qu’on a chevillé au corps. En criant. En brandissant un étendard. Ça parle à la tête et au cœur. Un titre à l’image de l’album. Viscéral. Écouter un nouveau disque de Little Bob revient à rajouter une page au livre de l’histoire du rock. C’est comme assister à la démonstration magistrale du dernier rocker français. Le dernier Apache. Après lui, c’est fini. Écouter un album de Little Bob, c’est remettre son système à jour. On n’est pas vraiment pareil en sortant qu’en entrant. Little Bob n’est pas utile. Little Bob est indispensable. Bonne écoute ! Note : 🌟🌟🌟🌟🌟 Site : http://www.littlebobbluesbastards.fr/

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