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Fabrice Roots

Marjorie's Blues Machine

Une pochette qui me rappelle une certaine Experience au milieu des années 60 et un nom qui sonne plus comme une diva du Flamenco. 

Détrompez-vous, c’est bien de blues dont il s’agit, de Rythmn & Blues souvent. Et puis de nos jours, la seule chose qui importe c’est de savoir si c’est de la bonne musique.


« Not gonna be easy »

Dès l’entame, le riff est accrocheur, la basse et la batterie sont bien présentes. Ça pulse !

Elle prévient pourtant qu’elle ne sera pas facile. Le solo est efficace, sans fioritures excessives et ça fonctionne. Les cuivres en arrière rappelle l’essence mais aussi que Blues et Soul sont frères jumeaux. Le Hammond nous ramène à Stax. Le son est gras et le mix bien black, enfin si on peut encore oser dire cela par ces temps de bien-pensance. 


En écoutant « Here we go again », je ne peux m’empêcher de penser à Ray et Stevie.

Cet harmonica et la voix de Coltman ajoutée a à la sauce gombo originelle vous font effectivement vous sentir bien. 


L’intro de « Mine someday » me laisse imaginer que Robert Johnson est toujours aussi écouté; et boum ! Voilà que la Soul revue se met en route. C’est agréable, enlevé et là encore bien chaloupé. Mes doigts se mettent à claquer et ma tête à osciller. Le son de la gratte est bien roots burnside et la voix entourée d’une mantille de cuivres fait mouche. J’aime l’arrangement de fin; un classique revisité. Judicieux.


« Let him shine » semble au premier abord moins brillé mais se révèle finalement très musicale. Tout est à propos même si la voix paraît un peu en retenue, à mon goût. 

C’est finalement le saxophone et le piano qui vont se charger d’élever le tout.

Ce refrain est accrocheur, il sent bon le printemps mais je reste sur ma faim.


C’est finalement l’arrivée de Walter Ricci qui va sonner le glas de ma petite danse.

C’est une ballade bien Soul que n’aurait pas renié Aretha qui déboule dans nos oreilles. Et cette fois la voix y va. Le don’t you remember à deux voix et l’envolée qui suit sont les notes que mes oreilles guettaient. 

C’est Gospel par moment. L’arpège de la guitare et le Hammond  nous invitent à la communion, aux rapprochements des âmes, des corps aussi. Ce Don’t you know  est suave à souhait sans tomber dans la mièvrerie.


« Save your son ».

Non j’ai besoin d’une pause. Je veux écouter à nouveau la précédente.

Je continue mais j’avoue que je n’entends plus. 

Pause finalement. J’ai besoin de le partager avec quelqu’un. J’aime partager lorsque je découvre un projet que j’aime bien. 


Je discute un peu plus et les autres titres passent comme dans un rêve mais j’ai déjà l’essence de ce disque en moi.

C’est comme une vague qui nous porte, nous rappelle à d’anciennes gloires sans jamais les copier. Nous surfons sur un hommage aux pionniers aussi, aux gloires dont Marjorie a probablement écumé les œuvres sans se poser de questions. Englouti avec la voracité de celui qui crée déjà sans le savoir et a trouvé ce qui va devenir son univers de prédilection. Et sur la plage, l’écume de ces journées à disséquer les Anciens nous parvient.

Son engagement est total et le song writing très au point. Refrains accrocheurs, riffs et solos de cuivres dévastateurs, le tout dans un répertoire varié mais toutefois homogène. 

On regretterait presque qu’il n’y ait pas un choix plus franc au niveau de l’esthétique sonore et de la réalisation mais c’est peut-être là aussi la force de ce disque. Il est Blues et mainstream. Là je me dois d’avouer que j’aime beaucoup ce qui sonne roots, sale et pimenté. Ce n’est qu’un parti pris de ma part. 

Les amateurs de bonne musique s’y retrouveront.



Marjorie Martinez - Marjorie's Blues Machine (Nissa Label, 2022)




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