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Ce chef-d'œuvre a 30 ans ! L'album Mudcakes de BJ Scott est sorti en 1993

En 1993, sort "Mudcakes" de Beverly Jo Scott. Attention, masterpiece ! Voici un album blues-rock saisissant, un indémodable. Ce n'est pourtant que son deuxième essai et c'est un strike !

Celle qui fut bercée par le rock, le blues et le gospel nous arrive tout droit des Etats-Unis via la Belgique. Elle devient choriste pour les plus grands noms avant de lancer sa carrière. Pour ma part, seule la musique m'intéresse. Et quelle musique !


L'album commence avec "Rip the sack" et cette intro de voix samplée d'une modernité incroyable qui sent d'ailleurs bon l'atmosphère un peu rap des années 90. Viennent la batterie, la basse et cette guitare dans l'oreille droite qui vient ponctuer les mots et illustrer le propos. L'orgue et la deuxième guitare viennent ensuite enrichir la voix très accrocheuse de Beverly. Yeah Put the bag down on your knees. Les chœurs sont très gospel, blues et le riff tombe à souhait. Le solo est démentiel, juste, abouti, lyrique et technique à la fois. D'entrée de jeu, on sait que cet opus sera de qualité. Les musiciens sont en symbiose avec Beverly, ça ronfle, ça cogne.


"She's your woman" semble être une belle ballade où, là encore, tout est au service de l'aura. Le songwrtiting est au poil, le refrain très accrocheur. Ah que j'aime ces chants qui ont la soul en eux. Elle sublime le rock. Bon sang, je suis amoureux de ce guitariste qui lui répond à merveille. Ces deux-là chantent ensemble, ils se parlent. Les alternances entre le calme et l'énergie dénote une maturité artistique et une sensibilité incroyable. Les titres sont courts, efficaces et sans fioritures.


"Light that torch" commence sur un dialogue avec, en fond, un air de Mississipi et puis la musique s'introduit. La cloche débarque, le riff est très groovy. Le funk s'invite en Louisiane sur des choeurs puissants et un arrangement de violons très countryside. Nul doute, par exemple, qu'un Lenny Kravitz apprécierait beaucoup cet album. Les arrangements sont très réussis.


Avec "Magalie", nous poursuivons ce voyage parmi les Etats-Unis. La ligne de basse est très mélodique et les violons à nouveau au rendez-vous. Beverly nous invective. Le songwriting prend ici encore plus d'importance. 


"Come to the water" est une ballade à la guitare qui vient nous consoler, nous réchauffer. Elle s'adresse à nos âmes meurtries puisque nous l'avons tous été un jour ou l'autre. Il y a de la bienveillance dans ses mots. Moi, j'y plonge les yeux fermés, sans hésiter, dans cette eau qu'elle nous invite à découvrir.


Avec "One way love" revient le Blues roots. La voix radio est balancée d'un côté tandis que la guitare occupe l'espace opposé. Puis l'harmonica et le groove s'invite à la fête. L'ambiance est très Louisiane et l'on se sent défilé dans les rues avec elle. Les arrangements de chœurs sont superbes. Oui, c'est certain désormais, cette galette est un chef-d'oeuvre à redécouvrir. Même un bon vin finit par se détériorer pourvu qu'on lui liasse le temps mais pas la bonne musique.


"One shot shy" voit débarquer un groove aux accents bien bluesy, là aussi. C'est d'une cohérence redoutable et le batteur se fait lui aussi entendre un peu plus avec sa caisse claire. Il y a une forme de crossover tellement heureuse dans la musique de Beverly. Les arrangements mettent l'accent sur un des ingrédients plus que d'autres mais tout ce qu'elle aime est finalement toujours présent. J'aurais beaucoup aimé avoir le vinyle pour faire comme à l'ancienne : découvrir les noms des musiciens, le nom du studio, du producteur mais que voulez-vous ? Le monde a changé. 


J'écoute "Chippin and dippin" sur la route vers Monastir. Pour une fois, j'ai délaissé la moto. Le temps rendait mes audaces bien trop risquées. Me voilà en train d'entonner le refrain So haaaaard avec mon fils qui mime un solo de guitare sur son rehausseur.


"Make it rough" me semble plus anecdotique mais à ce niveau de réalisation, tout s'écoute avec plaisir. On devient juste plus exigeant face à l'excellence ! On a bien compris que cette dame est une dure à cuir. "I like it rough" dit-elle surtout avec beaucoup d'amour. Elle finit par nous susurrer à l'oreille avant de faire décoller la machine vers un son plus dur. La whawha et le bottleneck sont de la partie.


Retour à la danse avec "Bosom of love". Là encore, c'est enlevé et sexy, funk. Harmonica, hammond, cocotte, riff, arpèges, toutes les gammes y passent. Ce disque me fait parfois songer à Prince dans les arrangements, tellement ils sont foisonnants ; il y a quasiment toutes les 4 mesures, une nouveauté et nos oreilles saignent de bonheur, je vous le dis. Ah oui ! Surtout, bien prendre le temps du silence après cet album, sinon vous allez transformer en freesby toutes les autres galettes qui vont vous passer sous la main.


Oooh "Love goes stumbling" ! Bon sang, il faut que j'arrête la voiture sinon je vais avoir un accident. La musique à ce niveau, c'est juste trop bon, dirait mon fils. Plutôt sublime et unique, dirais-je. 

Et ce violon, qui vient vous chatouiller l'âme, vous arracherait des larmes. Ah j'ai bien fait de m'arrêter. Il faut absolument que je le partage ! C'est fait, je l'envoie à tous mes potes. Ahlala et ce solo déchiqueté, déchirant, dramatique qui joue avec une colle de larsen gluant tandis que le violon lui répond. Oh mon Dieu, c'est la fin ! Mais lorsque j'écoute ça, je me demande vraiment où sont passés les artistes de nos jours.

Bon, il faut que je l'écoute à nouveau.


Que dire de "Alabam" ? Franchement, arrêtez de me lire et écoutez le, quoi ! Vous ne pouvez plus faire autrement.


Vous l'avez compris : J'adore véritablement cet album ! 

Il est d'une précision difficile à égaler. Je dis 'précision' parce que, du songwriting aux arrangements, rien n'est jamais laissé au hasard. C'est formaté et pourtant très artistique. Il faut être grand pour trouver sa liberté dans les limites imposées par le système. Beverly Jo Scott dynamite les portes de nos prisons et réinvente la liberté. Même dans un cachot pieds et poings liés, elle pourrait, par la pensée, trouver un moyen de s'évader, de ne pas être affectée par l'exercice imposé. Pour cela nous devons lui en être reconnaissant. MERCI !


Alors oui, il vous faut, immanquablement, cet album chez vous. Il vous le faut, quelque soit le support : en CD, en K7, en vinyle (si possible)... et ainsi pouvoir être certain de toujours l'écouter à chaque fois que la médiocrité du monde vous rattrape. Elle ne manquera pas de le faire par moments puisque tout est là pour ne plus nous laisser penser par nous-mêmes.


Ô lecteur, saches que c'est bien comme le "Songs in the key in the key of life" de Wonder, le "Nebraska" de Springsteen, le "Harvest" de Young, Le "Garvey's Ghost" de Burning Spear, le"Orange" de Franck Ocean, le "Sign of the times" de Prince, le "I've Got My Own Hell To Raise" de Lavette ... 


Bref, voilà un putain de classique ! Navré, je m'emballe. Oh et puis merde ! Oui, c'est bien un putain de chef-d'œuvre, bordel de merde ! 

C'est une œuvre qui dépasse les frontières de son genre, une œuvre d'art à ranger, osons le dire, parmi les grands classiques de la création humaine.


(W1RS - FabriceRoots)


Note : ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️

Sur une échelle de 0 à 5 étoiles


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