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Fabrice Roots

Thomas Kahn : Rugissement sur les rives de nos âmes

  Originaire du Puy de Dôme, il était donc évident que Sir Kahn ronronne de la Soul à faire se pâmer les gazelles aux jambes fuselées de Harlem, non ? Tout le monde sait que Clermont Ferrand est la capitale de la Soul noire américaine, la ville phare du Rythmn&Blues, de la Soul ou du Reggae. Bah si, au 21ème siècle et depuis que les sons traversent l’ADSL à la vitesse de la lumière « être ou ne pas être » de là n'est plus la question. La seule question valable est de savoir si l'artiste en est un, s'il vibre au son de ce qu'il produit et s'il est prêt à nous embarquer dans son épopée.


Oui the guy is real ! This is real music by real musicians dirait feu Prince Roger Nelson.


Dès l'entame de « More than sunshine » et ce roulement de batterie, nous sommes frappés par l'identité Soul et la voix tout en élégance de cet artiste. Il a une signature vocale. Il se ballade entre riff de cuivres, orgue hammond, guitares et chœurs Gospel. C'est doux et rocailleux à la fois. Sa voix oscille entre le « je te rentre dedans le rock et je te caresse l'âme ». C'est magnifique de maîtrise et de nuances. Du soleil et des nuages à la fois, une aurore boréale par dessus les montagnes en 7ème et 9ème.


« Doomed from the start » est lui aussi un mid tempo bien senti truffés de riffs accrocheurs. La composition et les arrangements tombent à point. Je me laisse faire et commence à siffler. Vous savez il disent que lorsque c'est suffisamment familier et nouveau, il paraît que la sauce gombo à l'auvergnate est goûteuse.


J'adore « Stay away » et son avertissement sonne funky comme un Marvin et appelle à la danse. Ce pont de cuivres me plaît particulièrement et le son est très chaud, vintage à souhait. C'est dans un écrin de velours satiné que Sir Khan ronronne le mieux.


« Don't look at me » creuse encore cette veine funky soul mais dans un style plus rugissant. Ce titre fera le bonheur des salles de concert. Il y exulte sa tristesse sur un solo de moog tranchant et invite à nous secouer les vertèbres par la même occasion.


« Hope » arrive à point nommé pour se poser. Chez moi c'est l'heure où le soleil décline lentement et où j'hésite à allumer. Je ne vais pas le faire. Je veux me laisser bercer par cet espoir, cette terre promise, cet ami qu'il évoque et tomber avec lui. Cet arpège à peine soutenu par le piano est léger et nostalgique. La voix se fait plus riche mélodieuse sur ce titre des plus réussi.


« Won't be so long » est vraiment très orienté Otis ; ce n'est pas pour me déplaire non plus. 


Cette fois je prends mon casque et je vais faire un tour. Direction la mer avec pour fond cet ballade superbe. Entouré de trémolo et de tressautements, je fais vrombir ma 650 dans un éclat de pierre afin d'aller voir ce coucher de soleil sur Hammamet avec Sir Kahn dans les oreilles. Il feule, rugit et délivre un de ces instants d'émotion dont seule la Soul a le secret. La descente finale au hammond me trouve en train de sortir de la ville.


Je suis concentré sur la route et moins attentif alors « See it further », « Flying around » et « Alone » passent comme dans un rêve » mais j'aime cet état d'apesanteur où sa musique me plonge. C'est étonnant mais d'un seul coup j'entends le raggamuffin dans son flow alors que la musique se promène toujours du côté de Detroit Clermont puis Memphis Ferrand. Il explore aussi son registre falsetto et nous aide à entrevoir la richesse de sa palette et de ses influences.


Au moment où je descends enfin de ma selle le ciel est déjà bien bas et les premières notes d'« Out of the blue » me font frissonner de plaisir. Il dévoile une sensibilité à fleur de peau, une certaine mélancolie et un don infini pour chanter les choses de l'âme. C'est beau.


« I am in love with you » nous rappelle que face à l'amour nous ne sommes que bien peu de choses et qu'il nous faut prendre soin des nôtres, que rien n'est acquis. Ainsi face aux rayons qui se meurent je souris à cette demie lune qui me fait face.


« Brother i miss you » me trouve assis dans une semi obscurité. Il est temps que je rentre auprès des miens. La montée des violons me rappelle à mes obligations car oui « there is so much too loose ».

Au final c'est un bien bel opus servit par des musiciens de talents et superbement mixé.


Thomas Kahn - "This is Real"

Note : ⭐️⭐️⭐️⭐️



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